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République tchèque : une économie solide hors zone Euro

On parle peu de la République tchèque. Certes, c'est un pays de taille relativement réduite - environ 80 000 km2 pour 10,5 millions d'habitants. Séparée de la Slovaquie, peu après la dislocation de l'Europe de l’Est, son économie est cependant extrêmement solide, et surtout son taux de chômage est actuellement le plus bas de l’Union européenne (2,3 % en septembre dernier). De quoi nous donner envie d’en savoir plus sur ce pays.

Ce taux de chômage extrêmement bas est à rapprocher d'une singularité relative dans l’UE, à savoir que la République tchèque a pour le moment conservé sa monnaie, la couronne, et corollairement, la Banque centrale tchèque, son indépendance. L’instance monétaire suprême en a profité pour mener une politique active de soutien à la croissance dans la première moitié de la présente décennie. Cette croissance a ainsi atteint 4,3 % en 2017, avant de redescendre à 2,9 % l’an dernier, une performance qui pourrait être renouvelée l’an prochain, selon Coface.Après avoir soutenu l'activité économique pendant plusieurs années, la Banque centrale a cependant levé le pied à partir de 2017, en relevant lentement ses taux d’intérêt. Ce qui a contribué à l'appréciation de la couronne, déjà recherchée. Le gouvernement a assoupli quelque peu sa politique budgétaire depuis, tout en veillant à conserver l’équilibre – le solde est toujours positif depuis plusieurs années (1,5 % en 2018), tandis que le ratio dette publique/PIB devrait encore régresser à 32,9 % en 2019 selon Coface. L’économie tchèque pourrait cependant voir ses performances reculer en 2019, sous l’effet d’une part du ralentissement du commerce mondial, d’autre part de l’affaiblissement conjoncturel de l’économie allemande. Or, l’économie du pays de Vaclav Havel est très dépendante du commerce extérieur, qui représente 80 % de son PIB.
Le secteur automobile – on le sait très puissant depuis l’avant-guerre, pèse pour 10 % du PIB, la production étant essentiellement écoulée en Europe.Plus généralement, l'industrie tient une place bien plus importante que la moyenne des pays de l’Union européenne (environ 34 %), à tel point que le gouvernement tchèque souhaite renforcer la part du tertiaire et des services ! Le contraire de ce qui se passe en France !
Tout en s’appuyant sur les fondamentaux de l’économie, les gouvernements tchèques ont, depuis 2014, axé leurs programmes sur la promotion de l’entrepreneuriat et l’investissement, rappellent les experts de Business France. Parallèlement, ils ont veillé à moderniser l’administration publique, de telle sorte qu’elle devienne davantage fonctionnelle et transparente. Le système de retraite a également été modernisé, afin de garantir sa durabilité sur le long terme, indique encore Business France. Cela, alors que la population tend à vieillir, et que le taux de fécondité se situe à 1,6 avec un faible apport migratoire. D’où des tensions sur le marché de l'emploi. Le secteur – principalement contrôlé par des capitaux étrangers, dont ceux de Société Générale, est très solide selon Coface.

La France très présente

Le commerce extérieur, on l’a vu, est le poumon du pays. Il est régulièrement excédentaire. Ses exportations sont principalement centrées sur les biens manufacturés et les matériels de transport, et destinés pour plus de 80 % à l’UE, l’Allemagne en absorbant une grande partie.Les échanges extérieurs sont dynamiques (+5,6 % pour les exportations et 6,3 % en 2017), rappelle Business France. Et le solde est régulièrement excédentaire (6 milliards d’équivalents–euros, toujours en 2017). L'Allemagne se taille la part du lion parmi les partenaires de la République tchèque (32,3 % des exportations de cette dernière, et 26 % des importations), devant la Slovaquie, la Pologne, le Royaume-Uni et la France. Ses excédents sont élevés vis-à-vis de l’Allemagne, de la Slovaquie… et de la France. Cependant, le pays du Printemps de Prague s’emploie à diversifier sa clientèle et ses fournisseurs. La Chine a atteint ainsi 12 % des importations tchèques récemment !
Le point fort de la République tchèque, à savoir notamment les matériels de transport et les machines, est également son talon d’Achille, comme celui de l’Allemagne. Les matériels de transport représentent, en effet, 57 % du total des exportations (données de 2017), et les biens manufacturés 15 %. Ses usines produisent régulièrement plus de 1,3 million de véhicules et emploient la bagatelle de 150 000 salariés. La France figurait au sixième rang des fournisseurs de la République tchèque en 2017, avec 4,7 % de parts de marché. C'est insuffisant pour couvrir nos importations – principalement des équipements mécaniques, électriques, électroniques et bien sûr des automobiles. Depuis la France, nous vendons d’abord des véhicules (17 % du total), de l’électronique (12 %), des machines (11,6 %), des produits pharmaceutiques (8,2 %), des cosmétiques (5,5 %).Bien entendu, le partenariat économique fort entre nos deux pays rend difficile la lecture du bilan réel de nos échanges. La France déploie plus de 500 implantations en République tchèque, employant près de 100 000 personnes. Nous sommes le troisième investisseur étranger en stocks. On pense à Komercni Banka (Société Générale), à Lagardère avec ses radios, à Veolia, à Suez, mais aussi à Havas ou encore à Sanofi. Nous sommes particulièrement implantés dans la gestion des eaux, la rénovation des autoroutes, la réduction des émissions des centrales électriques au charbon… voire dans l’aviation (contrôle aérien… et aéroport de Prague !) Tous ces éléments sont synthétisés par Business France.
La République tchèque est attractive, par sa position au centre de l’Europe, pour le dynamisme de son économie, la qualité de sa main-d’œuvre et aussi par sa position de 27e sur 190 en 2017 dans le très consulté classement Doing Business. Les investisseurs étrangers trouvent particulièrement un intérêt dans l’industrie manufacturière, l’activité financière ou assurancielle, le commerce de gros ou de détail ou encore l’immobilier.En 2017, le stock d’IDE atteignait plus de 108 milliards d’équivalents euros. L’Allemagne arrive largement en tête, avec plus de 35 milliards d’euros, devant la France, talonnée par la Corée du Nord (un peu plus de 14 milliards chacune).
Si l’on considère les flux entrants, le secteur manufacturier pointait toujours en tête en 2016, devant la finance et les activités d’assurance.Parmi les recommandations pratiques pour ceux et celles qui veulent faire des affaires en République tchèque, Business France estime que « l’intermédiation est souvent une formule avantageuse là-bas ». L’expérience prouverait qu’une fois la relation établie, les intermédiaires commerciaux seraient plutôt fidèles.