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Éditorial

Casse-tête de l’inflation : éviter les solutions irréfléchies

La rentrée est marquée par la poursuite de la guerre en Ukraine et celle de l’inflation. Ce qui entraîne une demande d’augmentation des salaires de la part des syndicats, ainsi que de celle d’un blocage de certains prix, en particulier des carburants.

Il convient de se rappeler que la course prix-salaires a eu un effet désastreux pour l’inflation dans les années 70-80 et que l’on a abandonné depuis longtemps les prix administrés tirés par l’Etat. C’est d’ailleurs incompatible avec nos engagements européens. Des engagements que nous n’avons pas respectés pendant la longue période covid et encore jusqu’à la fin 2022. Le « quoi qu’il en coûte » s’est beaucoup prolongé. Cela crée des accoutumances. Mais, voilà, aujourd’hui et c’est là un changement majeur par rapport à 2022, les taux d’intérêts ont été relevés. La fin du « quantitative easing », synonyme de « planche à billets sans limite », a été sifflée par les Banques Centrales, dont la BCE. Et l’on prône dans l’Union européenne, le retour à l’orthodoxie. Cette orientation paraît bienvenue, car aujourd’hui un emprunt qui arrive à échéance sera remplacé par un autre dont la charge d’intérêts sera nettement plus élevée. Compliqué pour le budget de l’Etat ! Le gouvernement a cela en tête, mais il bute sur les mauvaises habitudes prises ces dernières années, même si l’on peut comprendre les raisons qui ont contribué à ce qu’elles soient prises.

La menace de la spirale inflationniste

Pour le moment, plus de coups de pouce, de chèques, de primes. On demande aux entreprises privées de faire un effort sur leurs marges, de faire des ristournes, des rabais, voire de vendre à perte. C’est très bien, mais nous évoluons dans un environnement économique mondialisé. Dans certains cas, les fournisseurs préféreront, quand ils travaillent dans plusieurs pays, voire dans le monde entier, aller voir ailleurs si il n’y a pas moins de contraintes. Quant à baisser la fiscalité, par exemple sur les carburants, elle pousse indirectement la consommation de carburants générateurs de CO2 et cela créerait un trou insupportable dans nos caisses.

Pendant ce temps, malgré une légère amélioration, notre commerce extérieur est toujours très déficitaire. Il convient de fabriquer davantage de produits en France et de réindustrialiser intelligemment notre pays. L’on sait que ce sont de longs processus, mais aujourd’hui, au-delà des effets d’annonce, nous en sommes encore au niveau du balbutiement en la matière. Or, cette évolution devrait être rapide. Elle occasionnera moins de CO2 lié au transport de marchandises et rééquilibrera une balance commerciale en piteux état.

Notre modèle économique et social, celui de la France et du reste du monde, est complètement à repenser. Commençons par le nôtre, même si nous n’ignorons pas les interconnexions.

Alain Gazo
Directeur de la rédaction