Ne renonçons pas !
L'époque est marquée par le retour de peurs de type millénariste. Des individus prophétisent la proche fin du monde, en cherchant à exorciser le « malin » en dégradant des oeuvres d’art. Le prophète fou de L’Etoile mystérieuse du génial Hergé est dépassé. En ne voyageant plus, en ne mangeant plus, en vivant en ermite, on sauverait peut-être le monde d’une fin rapide. Voilà qui ne donne pas le moral !
Pendant ce temps, la boussole économique qui permet de garder le nord s’est déréglée. L’inflation est forte, et une menace pèserait en outre sur notre alimentation électrique cet hiver. La faute au méchant ours russe, bien sûr. En réalité, pour ce qui est de l’inflation, elle est la résultante d’une conjonction de deux facteurs explosifs. D’une part, bien entendu, la crise du Covid avec un gros ressac suivi d’une réaccélération brutale de l’économie. Le moteur a surchauffé, produisant ainsi des ratés. Mais une crise en cache une autre. Je veux parler de celle de 2008, celle des subprimes. Les banques centrales ont injecté des quantités considérables de monnaie dans le circuit et ont mené une politique de taux zéro, voire négatif. Ce qui est une aberration.
Corriger les aberrations
Dans la vraie vie, on ne donne pas d’argent pour rémunérer quelqu’un qui emprunte une somme auprès de nous ! Il fallait que cela s’arrête un jour. La crise du Covid, où l’on a de nouveau fait tourner artificiellement la machine, a sans doute empêché un retour plus prompt à la normale. Quoi qu’il en soit, on y est, et la politique de taux devient moins accommodante, c’est-à-dire moins laxiste. Certes, il faut bien doser leur hausse, mais elle est nécessaire. Pour qu’elle n’aille pas trop loin, il convient de freiner l’inflation. Bien sûr, des taux plus élevés vont y contribuer. Mais d’autres leviers sont à notre disposition - à activer ou pas. Il en est ainsi de la hausse des salaires. Nous devons à tout prix éviter de retrouver le chemin de l’échelle mobile, qui est une vraie catastrophe. On l’a vu dans le passé.
Chaque entreprise doit pouvoir déterminer le niveau de salaires qu’elle peut honorer et qui correspond à son environnement RH. On le voit dans ce numéro avec les réalisations à cet égard du groupe Bodet-Kelio, l’employeur est en mesure d’actionner différentes manettes autres que celles du seul salaire. Les primes occasionnelles sont aussi une bonne idée. Elles donnent un coup de pouce, sans obérer l’avenir.
L’environnement est donc incertain, à vrai dire me semble-t-il, pour le meilleur comme pour le pire. Nos chefs d’entreprise devront malgré tout sentir «le marché», et prendre les mesures qui semblent s’imposer pour notre prospérité. Ne nous calons pas sur le pire des scénarios! On voit que les prix de l’énergie spéculatifs ont considérablement baissé depuis juin, spécialement dans les pays du Sud européen. Anticipons certes d’éventuelles hausses sensibles début 2023, mais sans les inscrire dans le marbre en procédant à des augmentations massives des tarifs des prestations ou produits vendus. Le risque est de déstabiliser la clientèle, qui ne pourra pas suivre ou ira peut-être voir ailleurs, cela alors qu’un apaisement se profilera sans doute au printemps..
Alain Gazo
Directeur de la rédaction