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Royaume-Uni : une économie solide

Le Royaume-Uni est évidemment un de nos principaux partenaires commerciaux et celui qui nous procure un excédent commercial annuel régulier, dernièrement de 10 milliards d’euros. En période de disette, c’est réconfortant. Au moment du Brexit, ses partisans outre-Manche vantaient l’arrivée d’un nouvel eldorado et ses pourfendeurs médiatiques et politiques partout ailleurs en Europe lui prédisaient l’apocalypse. Rien de tel ne s’est réalisé.

On prétendait aussi que les services financiers - entre autres, s’effondreraient. Ce n’est pas le cas, et du reste le Royaume-Uni rééquilibre toujours sa balance extérieure grâce aux services, alors que sa balance commerciale est régulièrement déficitaire. Mais on n’a pas de leçons à leur donner de ce point de vue. Les relations commerciales et de services avec les Etats-Unis sont évidemment très significatives. Le pays de l’oncle Sam est du reste clairement son premier client à l’export avec 16 % du total, nettement devant l’Allemagne (9 %), les Pays-Bas (8 %), l’Irlande (7 %) et la France (6 %). A l’import, c’est en revanche l’Allemagne (13 %) qui domine - mais assez peu finalement face aux Etats- Unis et à la Chine (10 %). Viennent ensuite les Pays-Bas et la France. Malgré le Brexit, qui semblait receler tant de dangers, nos voisins d’outre-Manche ne sont pas devenus des miséreux, puisque leur PIB par habitant (49 567, 62 livres sterling) est similaire au nôtre, ainsi qu’au global, puisque la population de 68 millions d’habitants est quasiment identique à la nôtre. Le gouvernement travailliste - déjà très impopulaire, dont la réussite électorale est due à une mutation politique alors en transition a, d’une part, cherché à resserrer les liens avec l’UE, en particulier dans le domaine de la défense, mais dans d’application du Brexit à la circulation des marchandises avec l’UE. L’introduction progressive des contrôles aux frontières en 2024, ce qui inclut des inspections physiques et des déclarations appropriées, ainsi qu’un système d’entrée-sortie et de l’ETIAS en 2025 devraient, souligne cependant Coface dans son analyse annuelle, « ajouter quelques frictions et augmenter les coûts commerciaux entre le Royaume-Uni et l’UE ». Malgré tout, estime l’assureur-crédit, l’impact économique global devrait être limité.

La croissance britannique n’est pas au top, mais elle est au diapason de celle des pays européens, à l’exception de l’Espagne.

Quels sont les points forts de nos voisins d’outre-Manche ? Selon Coface, qui publie une analyse documentée et qui apparaît neutre, ils seraient au nombre de quatre :

  • Une importante production d’hydrocarbures qui couvre environ trois quarts des besoins énergétiques.
  • La présence de secteurs à forte valeur ajoutée (aéronautique, pharmacie, automobile).
  • Un très bon positionnement dans les services financiers, juridiques aux entreprises.
  • Un régime fiscal et juridique « compétitif et attrayant ».

Les revers de la médaille seraient principalement :

  • L’endettement élevé du secteur public et financier, ainsi que des ménages.
  • Une productivité faible associée à un manque de formation.
  • Des investissements insuffisants dans les infrastructures et les transports.
  • Des inégalités régionales que l’on retrouve du reste dans les élections, avec un Grand Londres manifestement déconnecté de l’arrière-pays, ce qui explique sans doute les commentaires décalés des journalistes, qui ne connaissent que la capitale.

 

Les échanges commerciaux franco-britanniques au niveau de 2019

Après une baisse notable des échanges avec notre voisin d’outre-Manche, due aux incertitudes consécutives au Brexit et surtout au covid, le retour « à la normale est en cours ». La France est globalement le quatrième partenaire commercial du Royaume-Uni avec, par exemple, 64,6 milliards de livres sterling d’importations chez nous et 60,2 milliards de livres sterling d’exportations. On le voit, nous sommes excédentaires sur la balance de biens (+10,8 milliards d’euros en 2023, un montant relativement stable en 2024). En 2023, nous avons exporté à peu près autant de biens au Royaume-Uni (36,8 milliards d’euros) que de services (36,7 milliards d’euros). En sens inverse, nous avons reçu pour 26,1 milliards d’euros de marchandises et avons absorbé pour 29,4 milliards de services. Les investissements réciproques ne sont pas en reste de cette dynamique puisque le stock d’investissements du Royaume-Uni dans notre pays affichait l’an dernier une hausse de 11 % par rapport à 2013 à 99 milliards d’euros, juste derrière les Etats-Unis, la Suisse et l’Allemagne.

Quels biens échange-t-on principalement ? Selon la Direction Générale du Trésor, les flux intra-branches sont largement majoritaires. Les principaux biens que nous exportons sont ceux de l’agroalimentaire, de l’automobile, de l’aéronautique et des machines. A l’entrée en France, nous recevons également majoritairement des biens issus de ces catégories : agroalimentaire, aéronautique, machines, automobile, mais aussi agriculture au sens large et chimie. Cela évidemment, en mettant à part nos importations d’hydrocarbures, voire un temps d’électricité, au moment de la fermeture de plusieurs de nos centrales. Quand on parle d’échanges de services, de quoi s’agit-il ? Ce sont avant tout des services professionnels divers, des services financiers mais aussi de voyages et de transport, sans compter ceux de télécommunications et d’information. Du point de vue de leur valeur absolue, nos exportations vers le Royaume-Uni avaient progressé de 7 % en 2023 par rapport à 2019 et nos importations de 20 %, mais cela était dû aux circonstances spécifiques mentionnées supra et surtout sans doute à notre positionnement de quasi hub pour l’entrée de marchandises britanniques vers l’UE, rappellent nos spécialistes de la Direction Générale du Trésor.